IRC 2.0
Une règle de Jauge à venir….
Un peu d’histoire …
Avant de parler de demain, regardons temporairement derrière nous.
La création de l’IRC (en fait le CHS) remonte à 1983, c’est à dire, il y a 34 ans. Depuis ce temps, l’environnement sportif, technique a beaucoup évolué et la régate est surement le sport qui s’est le plus transformé.
Il faut aussi se souvenir que le CHS, n’a été écrit que pour être uniquement une transition entre une jauge IOR décadente et une nouvelle jauge fondée sur un modèle mathématique parfait, équitable, inattaquable, l’IMS.
Les 34 années qui vont s’écouler depuis 1983, montreront qu’un modèle mathématique aussi complexe possible ne fonctionne pas.
C’est cet échec qui permettra à l’IRC de s’installer et de progresser. L’IRC qui ne gérait, à ces débuts (CHS) que les bateaux de 8 à 12 m, va s’étendre progressivement aux Maxi, aux CLASSIC, aux SPORTBOATS.
Il faut aussi se rappeler que les causes de la décadence de l’IOR se trouvent dans la création des Calculatrices programmables (HP41), des tous nouveaux APPLE, PC (sans WINDOWS), HP75 et 85. Ces outils, bien que relativement chers en ces débuts des années 80, vont envahir les Cabinets d’Architectures. Il faut aussi se rappeler que les Constructeurs mettront au moins une décennie pour introduire ce début de révolution numérique dans la fabrication des bateaux.
Le paradoxe est que l’IMS, à sa création, s’appuie sur ces nouvelles technologies.
L’IMS imagine établir un relevé réel de la forme du bateau et de ces appendices afin de travailler sur une forme mathématique de la coque.
Pour cela l’IMS initiera :
- Des machines à mesurer basées sur des technologies des années 80. Ces machines seront encore utilisées en 2005 / 2010 puis remplacées par des théodolites.
- Un programme informatique de prédiction de vitesse capable de remplacer le bassin de carène.
Durant ces années, l’IRC a développé une règle qui :
- S’appuie sur une base fondamentale historique : l’association des paramètres qui favorisent la vitesse et les statistiques de conditions météorologiques rencontrées usuellement sur une année.
- Protège des attaques des Architectes : le « secret de la règle »
Mais que ce soit l’IMS (l’ORCi en est le successeur) ou l’IRC, ces deux jauges ont un point commun : elles sont basées sur des mesures réelles des éléments constituants les bateaux (coque, appendices, voiles, mats, stabilité, etc.).
Préambule
La jauge IRC est basée sur un certain nombre de mesures linéaires réalisées sur le bateau.
Ces mesures portent sur :
- La coque
- Le gréement
- Les voiles
Les conditions de mesures sont de deux types :
- A terre
- A flot (voilier vide)
Un type de mesure très particulier et propre à l’IRC est la pesée du bateau à vide.
Le numérique
Depuis l’introduction de la certification CE en 1998, les Chantiers et les Architectes ont été obligés de passer progressivement au « tout numérique ».
Dès 2000, la certification imposait que la stabilité soit calculée à partir d’un plan de forme numérisé « ISO 12217-2 ».
Aujourd’hui il est impensable (et même impossible) de mettre sur le marché Européen un voilier non numérisé.
Cette évolution s’est traduite pour toutes les fabrications de voiliers par une numérisation complète de la chaine de fabrication, que ce soit pour les voiliers de production (série) ou les voilier à l’unité (One Off).
Aujourd’hui la chaine de fabrication est la suivante :
- Dessin numérisé du plan de forme (format usuel)
- Fabrication par découpes numériques du squelette de la pièce mère
- Assemblage de la pièce mère, polissage
- Moulage du moule sur la pièce mère « numérique »
- Découpe numérique de tous les tissus, mousse du sandwich
- Fabrication par infusion de la coque, des cloisons, des contre-moules
- Ébavurage par robots.
- Pose des cloisons à partir de cadres de positionnement
- Pose des emménagements, moteur, accastillage.
- Pose du pont, fabriqué suivant un protocole technique identique.
Les écarts en fin de fabrication (première coque démoulée) par rapport au dessin du plan de forme sont très limités car il y a de moins en moins d’intervention humaine. Avant la numérisation, les pièces mères étaient fabriquées manuellement, aujourd’hui avec le système de découpes numérique, l’ensemble de la pièce mère est un puzzle conçu et découpé numériquement qui s’assemble avec des « clefs ».
Le travail de base du chantier est de mettre en place un marbre métallique plan.
Je pense que des mesures hyper précises de la coque pontée terminée (le «bateau ») en utilisant des systèmes de mesures (théodolite, scanner laser, autres systèmes plus basiques), comme nous le faisons en IRC et comme le fait l’ORC, introduisent plus de dispersions dans les résultats que le fait de prendre le modèle numérique de départ, c’est à dire le plan de forme de l’Architecte et de travailler à partir de deux francs-bord (tableau arrière :Y et FJ :Franc-bord à l’étrave) et de « mesurer » sur le plan numérique.
Au final les seules mesures manuelles qui restent à faire sur site sont :
- Y et FJ (base de départ pour toutes les mesures de coque)
- Pesée IRC
- Celles du plan de voilure (J, P, E, STL)
- Celles des voiles (domaine connu et variable d’un bateau à l’autre)
- Les mesures d’élancements, du tirant d’eau, du voile de quille
- Etc.
L’IRC n’est pas basée sur l’application des VPP, l’analyse de l’IRC se limite à la connaissance des paramètres qui sont susceptibles d’obtenir des performances.
Sur cette base, l’IRC n’a pas besoin d’avoir en sa possession le plan de forme complet de chaque bateau.
L’IRC peut se limiter à :
- Un plan de profil avec les formes extérieures du roof, hiloires, pont
- Le couple au BMAX et le tableau arrière.
Je fais remarquer que ce type de document est accessible sur beaucoup de documentations « grand-public » sous format PDF. Je rappelle aussi qu’à partir d’un format PDF, on peut reconstruire un format numérique (DWG) en utilisant des logiciels disponibles sur Internet.
De plus il est impossible de reconstruire le plan de forme à partir de ces deux dessins.
Donc je pense que la fourniture de ces plans au Centre de Calcul IRC par les Architectes et/ou le Chantier, ne contribuera pas à divulguer les plans (propriété intellectuelle). La confidentialité du travail des Architectes est donc préservée.
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